Dans notre pays, toutes les deux semaines, une femme est tuée par son mari, son partenaire, son ex-partenaire, son frère ou son fils, parfois par un inconnu. La plupart du temps, d’autres formes de violences – économiques, psychologiques ou physiques – ont préexisté. Le passage à l’acte se produit par ailleurs souvent, mais pas uniquement, au moment de la séparation, lorsque les femmes décident de ne plus subir de violences et de reprendre leur liberté. C’est ainsi que 15 femmes ont été tuées dans notre pays en 2022 et que 5 femmes ont survécu à des tentatives de féminicide. Cette violence inouïe, abjecte, constitue la pointe de l’iceberg des violences vécues par les femmes en Suisse. Elle s’inscrit dans un continuum d’autres violences sexuelles et sexistes, qui naissent dans les rapports de force patriarcaux de notre société.

Au-delà de ces chiffres, il y a évidemment des femmes, jeunes ou moins jeunes, avec leur histoire et leurs parcours, interrompus subitement et injustement par la violence. Ce vendredi 2 décembre, les clubs Soroptimist Genève Rhône et Genève fondateur ont organisé une cérémonie très émouvante pour leur rendre hommage, via la mise à l’eau de 20 lanternes oranges. Aujourd’hui, mes pensées vont bien sûr vers ces femmes, mais aussi vers leurs familles et leurs proches qui leur survivent et doivent continuer leur chemin malgré tout.

Si des réponses politiques et publiques sont apportées depuis quelques années, à l’échelle fédérale, cantonale et municipale, elles doivent être renforcées, tant sur le plan de la prévention que de la prise en charge. C’est d’ailleurs l’une des conclusions d’un rapport du Conseil de l’Europe récemment publié. La Ville de Genève s’y engage fermement, dans le cadre de sa politique en matière de promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes. Depuis 2017, elle met un accent spécifique sur les violences sexistes dans l’espace public, dans le cadre de son plan d’action « Objectif zéro sexisme dans ma ville ». En faisant évidemment le lien en permanence avec le fait que les violences à l’égard des femmes font partie d’un continuum.

Cette année aussi, la Ville sensibilise la population au rôle des témoins, en mettant en lumière des pistes pour agir face aux violences sexistes et sexuelles, sans pour autant se mettre en danger. L’enjeu n’est pas ici de culpabiliser ou de dire qu’il est aisé de réagir lorsqu’on est témoin de situations violentes, mais plutôt qu’il existe des ressources pour s’informer, apprendre à détecter les violences sexistes et se préparer à agir. Et qu’en réagissant, chacune et chacun d’entre nous peut véhiculer le message que ces violences ne sont ni acceptables, ni acceptées. Le dépliant d’information « Je peux agir » est disponible en version papier et en ligne.

Ce n’est qu’en unissant nos efforts que vous parviendrons à éradiquer le fléau que constitue la violence faites aux femmes. Ni una menos !