Engagée de longue date en matière de transition écologique, la Ville de Genève vient de franchir une nouvelle étape avec l’adoption de sa Stratégie climat. Composée de 9 axes, 30 objectifs et 78 mesures, elle constitue un véritable projet de société qui vise à faire de Genève une ville décarbonée, durable et solidaire. Cette stratégie, dont les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 60% d’ici 2030 et de neutralité carbone d’ici 2050 sont alignés avec ceux du canton, est ambitieuse à plus d’un titre. En effet, elle prend en compte l’ensemble des émissions de GES, qu’elles soient ou non générées sur notre territoire. Par ailleurs, elle intègre des secteurs, comme la place financière, généralement ignorés dans les textes des autorités. Ainsi, le Conseil administratif a pris le parti de présenter une Stratégie qui dépasse le seul cadre municipal et ses leviers d’actions directs. Elle nécessitera – n’en déplaise à certain-e-s – de faire évoluer le cadre légal actuel. La Ville n’est pas hors sol, elle dépend de son environnement politique et législatif. Sans changer les lois, on ne parviendra pas à atteindre nos objectifs.

Supprimer des places de parc pour planter des arbres

Dans ce cadre, il s’agit par exemple d’impulser une autre mobilité – elle est responsable à ce jour de 27% de nos émissions de GES – et de libérer l’espace public de l’emprise de la voiture en diminuant drastiquement les places de parking en surface et cela sans compensation. L’énergie utilisée pour la construction et l’exploitation des bâtiments et infrastructures étant responsable de 30% des émissions, il s’agira, notamment, de rénover le patrimoine bâti municipal en visant la réduction de 30% de sa consommation énergétique et la diminution de 60% de ses émissions de CO2. L’objectif est surtout ici d’agir sur les «grands consommateurs», c’est-à-dire les 180 bâtiments du patrimoine bâti municipal qui à eux seuls cumulent 55% des consommations de chauffage. Ils doivent être prioritairement et rapidement rénovés. Il s’agit par exemple des bâtiments de la Cité-Jonction, du centre sportif des Vernets et du crématoire Saint-Georges. Nous mettrons en place aussi cette année le programme «Genève-Rénove» destiné aux propriétaires privés afin de faciliter leurs démarches de rénovation des bâtiments. La Commune accompagnera ainsi les propriétaires privés pour les encourager à rénover leurs bâtiments. Co-financé par le canton et les communes et mis en œuvre par SIG-éco21, ce programme vise, d’ici 2030, la moitié des projets de rénovation du parc privé, soit environ 200’000 m2 par an de surfaces bâties.

En matière d’environnement, nous nous attelons déjà à augmenter massivement la surface ombragée, en visant 30% de canopée sur le territoire municipal et en atteignant au moins 25% en 2030. Passer de 21,8% à la cible de 30% correspond à un accroissement de la surface arborée d’environ 130 hectares, ce qui constitue un énorme défi pour une ville aussi dense que Genève. Pour le relever, la Ville a mis en place à mon arrivée à la tête du Service des espaces verts une politique extrêmement dynamique de plantation d’arbres avec 500 specimens plantés l’an dernier, et 900 visés cette année. D’autres mesures sont d’ores et déjà mises en œuvre, telles que la fin de la taille de certains arbres et la plantation de micro-forêts urbaines permettant le développement de la biodiversité.

 

Consommer moins, mais mieux

L’ensemble de ces mesures couvre trois chapitres essentiels : la réduction de nos émissions de CO2, notre adaptation au changement climatique et la mise en œuvre d’une action qui traverse l’ensemble de l’administration et qui mobilise la population et la société civile autour d’un projet fédérateur. C’est essentiel ! La Ville ne pourra pas réussir sa transition écologique sans l’adhésion de toutes et tous !

Comme le souligne le dernier rapport du GIEC, les conséquences du dérèglement climatique s’accélèrent : les journées de canicule et de nuits tropicales augmentent, tout comme le risque d’inondations et de pollution ou d’altération de la végétation. Face à ces phénomènes, il est essentiel de mettre en œuvre des mesures pour préserver la santé de notre population et protéger la biodiversité, essentielle à notre vie sur terre. Notre condition d’être humain dépend entièrement de l’équilibre de la nature. Elle doit retrouver une place centrale dans notre manière de vivre, qui doit aller vers davantage de sobriété. Alors que la consommation de biens et services est responsable de 43% de nos émissions de GES, nous devons réapprendre, ensemble, à consommer moins, mais mieux. La question de la sobriété doit dorénavant devenir un réflexe et être posée pour l’ensemble de nos politiques publiques et nos actions.

Enfin, cette Stratégie porte une attention particulière à la dimension sociale, toujours en lien avec la problématique environnementale. La Ville s’engage à réduire les inégalités et à protéger en premier lieux les personnes les plus vulnérables face au défi environnemental. 

 

Tous les documents en lien avec la Stratégie climat se trouvent sur cette page : www.geneve.ch/strategie-climat. Je vous en souhaite une bonne lecture.