
Jour du dépassement: nous vivons désormais à crédit
Ce 13 mai 2022 marque le Jour du Dépassement de la Suisse. Concrètement, cela signifie que si tous les êtres humains vivaient comme la population helvétique, nous aurions consommé aujourd’hui toutes les ressources que la planète peut renouveler en un an. A partir de demain, et jusqu’à la fin de l’année, nous vivrons donc aux dépens des générations futures.
Cette date, déterminée par l’ONG américaine Global Footprint Network, permet d’illustrer l’empreinte environnementale importante des pays développés. Elle illustre la consommation d’une population humaine en expansion sur une planète limitée. Surtout, elle nous invite à modifier nos comportements. Car l’échec, ce n’est pas le jour du dépassement ; c’est le fait de ne pas y prêter l’attention qu’il mérite. L’échec, c’est l’incapacité à s’extraire d’une surconsommation effrénée, à considérer nos besoins réels, à mettre en œuvre une véritable réutilisation de nos matériaux. L’échec, c’est la soif du toujours plus. Or, le dernier rapport du GIEC l’a parfaitement mis en évidence : nous disposons actuellement de toutes les technologies et de tous les moyens pour transformer nos sociétés extrêmement rapidement. Pour chacun des secteurs de la société, nous disposons de modèles qui montrent que l’on pourrait concilier niveau de vie et zéro émission.
L’urgence à agir n’est plus à démontrer : pour limiter le réchauffement global à environ 1,5 degré – et garantir ainsi de bonnes conditions de vie aux générations futures –, nous devons atteindre un pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre avant 2025. Les trois années à venir sont donc déterminantes et doivent être appréhendées comme une chance d’impacter de manière décisive notre avenir sur Terre. La Ville de Genève en est pleinement consciente, raison pour laquelle elle a adopté en février dernier une Stratégie climat ambitieuse. Les objectifs sont clairs : il s’agit de réduire drastiquement les émissions de gaz à effets de serre du territoire communal, en atteignant moins 60% d’ici à 2030 et la neutralité carbone en 2050, ainsi que de mettre en place des mesures d’adaptation au changement climatique. Pour atteindre ces objectifs ambitieux, toutes les politiques publiques, les projets et prestations, les décisions politiques, administratives et financières de la Ville doivent dès à présent être repensés à l’aune de la transition écologique, pour faire de Genève en 2050 une ville écologique, solidaire et dynamique.
Mais bien sûr, face à l’ampleur du défi, la mobilisation doit être générale et impliquer l’ensemble des échelons de notre société, des plus hautes sphères aux citoyennes et citoyens. En se rappelant que chaque gramme, chaque kilo, chaque tonne de CO2 évitée, non émise, compte. En clair, que « le pire n’est pas certain » pour reprendre le titre de l’excellent ouvrage de Catherine et Raphael Larrère, et que continuer à se mobiliser n’est pas vain. En transmettant enfin un message clé : si la transition écologique est aujourd’hui indispensable, elle n’est de loin pas synonyme de retour en arrière. A bien des égards, la société durable et décarbonée apparait en effet comme la société du bien-être physique et mental, du mieux vivre-ensemble, de la créativité, de l’innovation et du dynamisme. Une raison de plus pour nous mettre au travail, dès aujourd’hui et ensemble.