Paru dans la rubrique L’Invité de la Tribune de Genève le 11 juillet 2023:

L’invité: Interdire la viande? La Ville ne le veut pas | Tribune de Genève (tdg.ch)

Il suffit parfois de quelques déclarations erronées, d’un communiqué de presse déloyal et de l’accalmie estivale pour que la polémique enfle. Depuis peu, la Ville de Genève est accusée – quand ce n’est pas moi, personnellement – de bannir les saucisses de son territoire et, ce faisant, de mettre à mal les artisans de notre région. Je tiens à vous rassurer : le Conseil administratif n’en a ni le pouvoir, ni l’intention.

La réalité est moins clivante: dans le cadre de mon année de mairie consacrée aux droits humains et à l’urgence climatique, j’ai choisi, dans les événements dédiés, d’accélérer la mise en œuvre de la charte de l’alimentation durable de la Ville, adoptée en 2021 déjà par l’ensemble de l’Exécutif, et qui concerne strictement les événements organisés par la commune ainsi que les institutions municipales proposant un service de restauration. D’autres départements municipaux s’engagent dans cette voie, dans une optique de favoriser les circuits-courts et d’atteindre nos objectifs climatiques.

Cette charte, qui se veut incitative, préconise différentes pistes, notamment un recours à 70% de produits suisses, 25% de produits GRTA (Genève Région Terre Avenir), 80% de produits de saison, et, en ce qui concerne la viande, 10% de produits carnés. Ce pourcentage n’est pas une lubie des autorités: il est juste le plus à même de nous permettre de réduire de 3 fois – et non pas cesser ! – notre consommation de viande, comme le préconisent l’Office fédéral de l’environnement, le GIEC, l’OMS ou la Société suisse de nutrition, tant pour des raisons climatiques que de santé.

L’agriculture genevoise étant majoritairement composée de céréales et de légumes, l’application de cette charte n’est aucunement de nature à compromettre notre production locale, bien au contraire. A Genève, avec une production de viande marginale, selon les chiffres de l’Office cantonal de l’agriculture et de la nature, atteindre 10% de viande dans l’assiette resterait au-dessus des capacités de productions locales ! L’agriculture genevoise ne couvre par ailleurs à ce jour que 10% de nos besoins alimentaires. Dans sa Stratégie climat, la Ville s’engage pour augmenter cette couverture.

L’objectif visé s’accompagne bien entendu d’autres actions, notamment l’incitation à réduire la part de viande importée. Dans le cadre des événements organisés par la Ville, celle-ci recommande vivement aux responsables des stands de s’approvisionner auprès de producteurs locaux plutôt qu’auprès de filières industrielles. J’en profite pour souligner que sur son site internet, la Ville tient un répertoire de bonnes adresses, dans lequel figure… une liste des boucheries GRTA ! Forte d’un engagement de plus de 15 ans, la Ville a largement démontré son soutien à la production locale – à toutes les productions locales!

En attendant que passe la polémique, j’espère vous retrouver nombreuses et nombreux lors de notre fête nationale au parc La Grange, que ce soit autour d’une saucisse de veau ou d’une empanada végétarienne.

Alfonso Gomez, Maire de la Ville de Genève en charge de l’environnement