Des visas humanitaires pour les Afghanes ayant fui leur pays
La reprise de Kaboul par les Talibans en 2021 et le durcissement de la répression des mollahs envers les femmes ont fait fuir quelques milliers d’entre elles dans des pays limitrophes. Elles n’y sont pas en sécurité et tentent désespérément d’obtenir des visas humanitaires. Seuls la Suède et le Danemark octroient systématiquement l’asile aux femmes et filles afghanes en raison des dangers qu’elles encourent au sens de la Convention relative au statut des réfugiés, conclue en 1951 à Genève. La Suisse peut et doit agir de la même manière et délivrer des visas humanitaires sur la base de critères clairs et transparents. Au cours des deux dernières années, 2183 demandes ont été déposées par des ressortissant-e-s afghan-e-s, dont 135 ont été acceptées (76 pour des demandeurs de sexe féminin, 59 pour des demandeurs de sexe masculin). Soit un taux d’acceptation d’à peine plus de 6%.
L’Appel, initié par Alfonso Gomez, Maire de la Ville de Genève, fait suite aux tentatives infructueuses (dépôts de textes à Berne, lettres envoyées par le Conseil administratif…) d’infléchir la position du Conseil fédéral. Ce dernier refuse notamment l’octroi de visas aux femmes ayant été employées par des ONG financées par le Canton ou la Ville de Genève mais pas directement par la Confédération helvétique. C’est le cas de Malalai H., dont la situation dramatique a été relayée par plusieurs médias. Elle a travaillé pendant près de 20 ans auprès d’ONG suisses oeuvrant dans le domaine de la promotion et de la protection des droits humains et dont les sièges sont à Zoug et à Genève. Elle a mis sa vie en danger pour en sauver d’autres et a aujourd’hui un urgent besoin de protection. Plus généralement, l’Appel a pour objectif de sensibiliser le Conseil fédéral au destin des nombreuses femmes ayant fui l’Afghanistan. Réfugiées dans des pays limitrophes, parfois avec des enfants et dans le dénuement le plus total, elles sont livrées aux pires trafics.
Prenant appui sur la tribune parue dans Le Monde du 21 avril dernier, cet Appel bénéficie pour l’heure du soutien de personnalités genevoises, dont Mmes Ruth Dreifuss et Micheline CalmyRey, anciennes Présidentes de la Confédération, de l’ensemble des membres du Conseil administratif de la Ville de Genève, d’élu-e-s genevois-e-s à Berne, de député-e-s au Grand Conseil et de membres du Délibératif de la Ville. Figurent également parmi les signataires des représentant-e-s d’ONG, du monde associatif et de la société civile, mais aussi Maryam YunusEbner, Conseillère administrative à Onex et ancienne réfugiée politique afghane, ainsi que Leyla Ahmari, candidate au Conseil national et ancienne réfugiée iranienne.
« Alors qu’un drame effroyable se joue en Afghanistan, la Suisse doit se montrer digne de sa tradition humanitaire et s’impliquer davantage. La Confédération doit aussi laisser plus de latitude aux cantons, villes ou communes qui souhaitent accueillir des réfugié-e-s. La Ville de Genève fait par ailleurs partie de l’Alliance des villes et communes qui s’engagent en faveur d’un renforcement de cet accueil », indique Alfonso Gomez.
Afin que chacun-e puisse soutenir les femmes afghanes et demander au Conseil fédéral d’agir, l‘Appel est ouvert à signature à cette adresse. Il va également être envoyé aux membres des villes et cantons suisses, aux membres de l’Assemblée fédérale, ainsi qu’à des personnalités œuvrant dans les domaines de l’asile, de la migration, de la culture et des droits humains en général.